Blog Post

Prendre conscience de notre biais de négativité.

V Heuzé • juin 20, 2020

Au cours de notre évolution, notre cerveau a mis en place des stratégies pour résoudre des problèmes, des raccourcis de pensée spontanés et inconscients. Ces stratégies sont souvent très utiles mais elles peuvent parfois nous nuire. L’une de ces nombreuses stratégies se nomme le biais de négativité

Une grande partie de notre souffrance provient de pensées et de sentiments envahissants et récurrents dans lesquels notre esprit se retrouve bloqué émotionnellement ou cognitivement.
Lorsque votre directeur vous fait un seul retour négatif et cinq retours positifs dans la journée, comment réagissez-vous dans ces situations ? Si vous êtes comme la plupart des gens, votre esprit est inondé de négativité. « Je suis nul» ou « Quelque chose ne va pas chez moi». Les neuroscientifiques ont un nom pour cette automatisme du cerveau : Biais de négativité.

Ce biais de négativité que possède notre cerveau remonte à la préhistoire, où l’homme, pour survivre dans un environnement hostile, devait enregistrer durablement tout signe de danger afin d’éviter de revivre de nouveau la même situation. C'est un trait adaptatif de la psychologie humaine qui nous a bien servi lorsque nous chassions à la lance dans la savane il y a 120 000 ans. Ce biais est donc une conséquence de l’évolution par laquelle nos ancêtres ont appris à prendre des décisions intelligentes et salvatrices dans des situations de dangers.
Avec le temps, la structure du cerveau s’est adaptée très lentement pour accorder plus d’attention aux informations négatives-mémorisées plus facilement- qu’aux informations positives -que nous avons tendance à oublier-.

Aujourd’hui, bien que notre cerveau nous rende d’énorme service au quotidien, ses choix ont un impact sur notre rapport à la réalité et peuvent également nous induire en erreur. Ce penchant naturel du cerveau nous fait réagir à un e-mail ou à une conversation compliquée comme si notre vie était en danger. Il nourrit l’anxiété, la tristesse, le pessimisme et les remises en question inutiles. Ce biais a un impact important sur notre perception des choses et même nos relations aux autres. Il peut avoir des conséquences sur les opinions des êtres humains sous la forme de préjugés, de stéréotypes, de discrimination ou de superstitions.

Malheureusement ce biais de négativité est également un levier pour ceux qui souhaitent orienter notre interprétation.
« Du matin au soir, nous sommes assaillis par les marchands de malheur. Politiciens et journalistes ciblent nos émotions primaires, par un battage sur les menaces censées nous environner – qu’elles proviennent de la nature, de la technologie, des étrangers, du bord politique adverse – tout ce qui est susceptible de déclencher les circuits d’alarme de notre cerveau. »
C’est ce qu’écrivent l’essayiste John Tierney et le professeur de psychologie Roy Baumeister dans leur livre:« The Power of Bad and how to overcome it ?»
Selon eux, il nous faut prendre conscience de ce biais de négativité, afin de le compenser.

Pour avoir une vie équilibrée il est nécessaire qu'il y ait un nombre plus élevé de sentiments ou d'évènements positifs que de négatifs. Les psychologues pour contrebalancer l’effet du « biais de négativité », explorent à présent le ratio de positivité. Certaines études ont montré que le rapport pouvait être de 5 pour 1 et que le cerveau a besoin d'un grand nombre de petites expériences positives pour faire pencher la balance vers l'équilibre.

Le neuropsychologue américain Rick Hanson fait une analogie avec ce trait de l'esprit. Votre cerveau , écrit-il dans son livre « Le cerveau de Bouddha », est comme du Velcro pour les expériences négatives et du Téflon pour les expériences positives. Lorsque vous perdez un client, lorsque les investisseurs ne vous appellent pas, ou lorsque vous êtes confronté aux centaines d'autres déceptions quotidiennes de la vie, vous êtes enclin à oublier toutes les bonnes choses et à être plutôt obsédé par le négatif. Notre cerveau ne fait pas la différence entre un danger réel ou imaginaire et un danger mettant réellement en cause notre survie ou pas.

La bonne nouvelle est qu’il est possible de dompter cette habitude de l'esprit. Une stratégie simple met en pratique l'idée principale issue de la révolution des neurosciences de ces 30 dernières années, celle qui, selon les mots du premier neuroscientifique Donald Hebb, « quand des neurones s'activent ensemble, ils se raccordent ensemble». Autrement dit, l'activité mentale crée de nouvelles structures neuronales. Par conséquent, même les pensées et les sentiments fugaces peuvent laisser des traces durables dans le cerveau. C'est cette intuition qui nous rappelle que le cerveau n'est pas figé et rigide mais neuro-plastique, malléable, assez solides pour résister aux pressions occasionnelles, mais assez souples pour changer en réponse à des efforts répétés. Tout ce qui traverse l'esprit sculpte le cerveau. On peut donc utiliser son esprit pour améliorer son cerveau.
« Cultiver ce qui est bon » est l’un des meilleurs antidotes, selon Hanson. « Notice-Shift-Rewire » (Remarquez-Déplacez-Reconnectez ), c'est la magie de la formule de Hanson.
En prenant un moment chaque jour pour attirer notre attention sur cette pratique, nous prenons l'habitude de passer d'un biais négatif à des états d'esprit plus utiles : nous nous souvenons de nos victoires passées, nous célébrons nos forces et nous voyons la vie comme une série d'opportunités plutôt que comme un travail acharné à travers des revers et des déchirements.

Comment intégrer cette pratique dans la vie quotidienne ?

1. Remarquez votre biais de négativité .
La première étape consiste à prendre conscience de cette habitude ordinaire de l'esprit. Reprenez-vous lorsque vous glissez dans le doute de soi, la rumination, l'anxiété et la peur. Remarquez quand votre esprit se met à imaginer les pires scénarios possibles pour que tout s'effondre.
Le fait de le remarquer ouvre la voie à la création de nouveaux circuits neuronaux.


2. Passez à un moment de gratitude.
En déplaçant votre pensée, vous pouvez inonder cet espace d'une attention plus productive. Quelques secondes de gratitude sont le moyen le plus efficace d'y parvenir. Pensez à une chose pour laquelle vous êtes reconnaissant en ce moment. Votre maison. Votre travail. Votre santé. Votre famille. Vos talents et vos forces. Votre dynamisme.

3. Reconnectez votre cerveau.
C'est ici que le vrai travail de commence. Hanson appelle cela le simple acte de savourer. Il faut 15 secondes pour rester dans ce nouvel état d'esprit, pour l'encoder profondément dans le tissu de votre esprit.
C'est à cette dernière étape que nous transformons notre habitude ordinaire de négliger le positif. C'est là que nous faisons passer la réponse du cerveau à tout ce qui est bon dans la vie du téflon au velcro. Nous retournons notre câblage neuronale - en quelques secondes seulement, nous construisons des souvenirs plus forts autour de toutes les bonnes choses qui se produisent dans la vie.


Cette pratique est efficace, portable et puissante. Elle prend moins de 30 secondes, vous pouvez la faire n'importe quand et n'importe où, et vous commencerez à ressentir un changement immédiat dans votre état d'esprit.
À l'instant où vous faites ce changement, tout change. Vous vous souvenez de votre objectif, vous attendez de nouveaux défis et vous affrontez la vie avec un optimisme renouvelé.

Essayez-le une fois par jour, tous les jours pendant une semaine, et voyez ce qui se passe…

Share by: